De l'usage des nouvelles technologies selon Saint Nicolas...

Publié le par Gilles FOURNEL


Bien que goûtant fort peu la littérature classique (amis et lecteurs de La Princesse de Clèves, bonjour!), notre gouvernement fait montre d'un talent certain en matière d'allitérations lorsqu'il s'agit de projets de loi.

Ainsie en est-il dans le secteur du numérique puisque, après DADVSI, Hadopi, voici venu le temps de Loppsi.
On a vu mieux en matière d'acronyme, je vous l'accorde... mais s'il n'y avait que ça...

Petit rappel pour ceux qui, comme moi, ignoraient tout il n'y a pas si longtemps encore.
Loppsi, c'est la "Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure". Bigre!
Evoquée dans le projet de loi de finances 2008 (rapport n° 276, annexe 39 intitulé "Sécurité"), la Loppsi 2 attend toujours d'être inscrite à l'ordre du jour. Même si MAM prétend qu'elle sera présenté au Parlement avant l'été, il y a encore du temps vu le programme des festivités prévues au Palais Bourbon! Ca tombe bien, ça permet de prendre un peu de temps pour creuser l'affaire...

Petite soeur de la Lopsi (pas de "performance" à l'époque), présentée en 2002 par un certain.. Nicolas Sarkozy, alors occupant les bureaux de la place Beauvau, elle se veut la suite logique, et privilégier « le redéploiement de moyens existants et le renforcement de la police technique et scientifique », Sarkozy dixit en juillet 2007. Passons sur la volonté de confirmer la réduction des accidents de voiture, la lutte contre le terrorisme et contre l'immigration clandestine. On y trouve également un volet "cybercriminalité". est prévu de sanctionner davantage l'usurpation d'identité numérique, mais aussi d'autoriser la captation de données numériques et d'imposer aux fournisseurs d'accès internet le filtrage de données à caractère pédo-pornographiques. On respecte ainsi le principe de base du sarkozysme : on mélange tout, en noyant le coeur du sujet au milieu de thématiques émotionnelles qu'on ne peut pas contester.
Ce qui est préoccupant dans ce projet, c'est précisément que l'Etat ne serait plus contraint à vérifier la "légalité" des mouchards électroniques mis en place par ses services, et Loppsi 2 va plus loin en permettant, "
sans le consentement des intéressés, d'accéder à des données informatiques, de les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu'elles s'affichent pour l'utilisateur ou telles qu'il les y introduit par saisie de caractère". En principe, ces mouchards seraient installés chez l'internaute pour une durée de quatre mois renouvelable une fois si accord du juge. Et sinon? qui sera à même de contrôler la désactivation du logiciel-espion? Joker...
Mais ça ne s'arrête pas là : Loppsi 2 prévoit aussi la constitution du fichier Périclès, permettant le croisement de fichiers judiciaires type Stic (tiens, encore lui...), Judex, etc., sachant que ces fichiers contiennent un paquet d'informations personnelles, et qu'on a vu que les mises à jour pêchent sérieusement (voir l'article sur le STIC)...

Bref, Hadopi n'est qu'un début, et ce qui se profile à l'horizon (proche) n'est pas réjouissant...

Pour plus d'infos sur la Loppsi : www.loppsi.fr



Publié dans Numérique

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